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Le Canadien et les joueurs Québécois au repêchage : le meilleur disponible ou chez nous ?

Voyez les détails !

Zachary Hickling

« Il y a des fiertés authentiques qui meurent difficilement », a déjà écrit Yves Thériault, le romancier québécois créateur d’Agaguk

Le Canadien de Montréal transcende le simple statut d’équipe ou d’entreprise ; c’est une véritable passion pour ses partisans, un symbole d’identité partagé à travers le monde lorsqu’on parle de sport en voyage. Depuis 1909, l’équipe anime Montréal à chaque quête de la Coupe Stanley, apportant de nouveaux héros et des souvenirs inoubliables. Nos jeunes passionnés de hockey rêvent depuis toujours de porter fièrement l’uniforme bleu, blanc et rouge.

Mais qu’arrive-t-il à ce rêve de jeunesse si le Canadien ne repêche plus chez soi ? Indirectement, c’est la question que l’on peut se poser après avoir écouté les propos du dernier épisode du balado de BPM Sports. Voici un extrait de cette entrevue :

Le Canadien et les Québécois au repêchage : est-ce une critique justifié ? 

Après avoir mené une enquête sur l'historique du repêchage du Canadien. Voici ce que nous avons pu y trouver :

  • Lors des 5 dernières années, le Canadien de Montréal n’a repêché que joueurs québécois.
  • Lors des 10 dernières années, Québécois ont été repêchés par le Tricolore. 
  • Sur un laps de 20 ans, Le Canadien a mentionné 22 fois le nom d’un Québécois au podium du repêchage. 

Nous vous laisserons juger si cela est suffisant ou non, mais parmi ces 22 joueurs, un phénomène inquiétant se développe.

  • Parmi ces 22 joueurs, seulement 8 ont réussi à porter le chandail du Canadien durant la saison. Certains ne l’ont même porté que pour des matchs de présaison ou en début de saison.
  • Parmi ces 8 joueurs, 6 sont soit attaquant soit défenseur. Ensemble, les Québécois ont marqué 247 points en 724 parties pour le Canadien, selon Elite Prospects.

Pour donner une idée, Ryan Nugent-Hopkins, un ancien premier choix souvent qualifié de flop, a joué 881 matchs en carrière et récolté plus de points que tous les Québécois du CH réunis depuis 2004, soit 699 points.

Si vous avez besoin d’un exemple supplémentaire pour illustrer la gravité de la situation : Devon Toews, un choix de 4e ronde en 2014, a joué 397 matchs et accumulé 234 points. Il a clairement un manque de production chez les Québécois repêchés par le Canadien.

Est-ce un manque de chance de la part du CH ?

Oui et non, car le Canadien a eu la chance de sélectionner Jonathan Marchessault, Mike Matheson, Philip Danault, et Kris Letang mais ne l'a pas fait, et n'était pas toujours assez avancé dans le repêchage pour sélectionner d'autres joueurs québécois performants comme Jonathan Huberdeau et Alexis Lafrenière.

Malchance à la loterie ou philosophie de repêchage différente : les deux peuvent être blâmés.

Le hockey du Québec en mauvais état : une cause des choix du CH ?

D'année en année, la situation devient de plus en plus difficile pour la LHJMQ et la cuvée de talent québécois. Aujourd'hui, environ 59 joueurs québécois seulement évoluent dans le circuit Bettman, représentant 14% des joueurs de la ligue. Malheureusement, les joueurs québécois ont de plus en plus de difficulté à percer le plafond du repêchage de la LNH.

En 2024, Sacha Boisvert fut le seul québécois nommé en première ronde, mais n’a pas fait son parcours junior au Québec. 15 joueurs de la LHJMQ ont été sélectionnés. En 2023, ce fut encore pire :

La LHJMQ espère éviter la catastrophe de l’an dernier alors que 12 joueurs de son circuit avaient été réclamés lors des sept rondes du repêchage tenu à Nashville. Il s’agissait de la pire cuvée de l’histoire du circuit junior québécois

Kevin Dubé, Le Journal de Québec

Les dernières années ont-elles montré que la LHJMQ est sur le déclin lorsqu’il s’agit de produire des espoirs de qualité ? Pas nécessairement. Le repêchage 2021 de la LNH a vu quatre joueurs, Zachary Bolduc (St. Louis, 17e au total), Xavier Bourgault (Edmonton, 22e au total), Zachary L’Heureux (Nashville, 27e au total) et Zachary Dean (Vegas, 30e au total), tous repêchés au premier tour. La loterie de 2020 fut quant à elle le tirage pour Lafrenière.

Reste que la profondeur du bassin québécois diminue indéniablement, attribuable à de multiples raisons, non pas seulement de la LHJMQ.

Le meilleur disponible ou chez nous ?

Le hockey a toujours été un pilier de la culture québécoise. Maurice Richard, qui a joué pour le Canadien pendant 18 ans, est un héros nationaliste québécois. Il a établi des records emblématiques, comme ses 50 buts en 50 matchs lors de la saison 1944-45, il a contribué à la dynastie du CH, avec huit Coupes Stanley remportées, reste inégalée et continue d'inspirer les Québécois passionnés de hockey. Il a été le symbole de la réussite francophone à une époque où Montréal était sous l'influence d'un establishment anglophone bien établi. 

Mais aujourd’hui, alors que le hockey et le bassin américain, européen et ontarien surpassent nettement celui du Québec, cette narrative devient un dilemme pour Kent Hughes et l’organisation de la sainte flanelle. Dans les derniers tours, que faut-il prioriser entre le meilleur disponible, ou choisir à la maison ? Si le meilleur choix est québécois, c’est tant mieux.

Anthony Desaulniers, chroniqueur de BPM Sports, prioriserait le meilleur joueur disponible, toutes ligues confondues, au-dessus du meilleur joueur disponible dans la LHJMQ :

Mais d’avoir de facto presque automatiquement un joueur québécois de la LHJMQ repêché au 7e tour, là je suis en désaccord. Parce qu’il faut quand même que ton organisation tu repêches selon toi le meilleur joueur disponible. 

- Anthony Desaulniers, BPM Sports

Quelle devrait être la philosophie du Canadien face à cette question qui revient année après année?

Source: BPM Sports