Pierre Bergeron, ancien capitaine des Remparts, a frôlé la mort après la Coupe Memorial en 2006
Une superbe entrevue !
J’ai eu le grand plaisir de m’entretenir avec Pierre Bergeron, ancien capitaine des Remparts de Québec et gagnant de la Coupe Memorial en 2006, et nous avons eu la chance de discuter de plusieurs sujets.
En début d’entrevue, il me confirme que tout va bien de son côté et qu’il est entraîneur au hockey depuis maintenant près de 14 ans. Il a son école de hockey du côté de Drummondville, qui vise à entraîner des joueurs sur le long terme autant sur la patinoire qu’en dehors de celle-ci.
Pierre travaille notamment en compagnie de Simon Pinard, qui a évolué dans la LHJMQ ainsi que pour l’Université du Nouveau-Brunswick, Zachary Lavigne, ancien capitaine des Saguenéens de Chicoutimi, Ludovic Karsh, qui évoluait dans le junior AAA avec le Collège Français de Longueuil, Lyam Jacques de l’Océanic de Rimouski ainsi que Jérémie Minville des Huskies de Rouyn-Noranda.
« Moi ça me permet de redonner à ma région. Je suis un Drummondvillois depuis toujours. Je me souviens que plus jeune, l’été je m’entraînais avec Gabriel Hardy à Québec donc je ne retournais pas chez moi puis je trouvais qu’à la fin, ça me manquait. En compagnie d’Alexandre Labonté ainsi que deux autres de mes proches, on a décidé de mettre sur pied notre école de hockey, l’Académie Line-Up » m’explique Pierre.
L’ancien défenseur des Remparts dit avoir été extrêmement chanceux lors de son parcours junior et il ajoute ceci : « À mon année 17 ans, je m’alignais avec le Rocket de l’Île-du-Prince-Édouard et j’avais Alain Vigneault comme coach. Je n’ai pas joué beaucoup puisque j’étais plutôt dans un rôle de 6e ou 7e défenseur et il fallait que je me batte souvent.
Plus jeune, j’étais un joueur talentueux, donc de me retrouver dans un rôle de bagarreur, c’était assez difficile. Je me souviens qu’au meeting de fin d’année, Alain Vigneault m’avait carrément dit que je n’étais pas assez bon pour jouer dans la ligue. Ce qui est le fun dans cette anecdote-là, c’est que suite à ce meeting, je me suis concentré à travailler fort et j’ai demandé à Alain Vigneault de m’échanger. Par la suite, on m’a annoncé que je prenais le chemin de Rouyn-Noranda pour me joindre aux Huskies.
La saison suivante lors de mon année 18 ans, j’apprends que je suis de nouveau impliqué dans un échange avec Brent Aubin et que je m’en vais du côté des Remparts à Québec. Toujours en 2005-06, j’ai eu la chance de marquer le premier but à la Coupe Memorial et j’ai eu beaucoup de succès dans notre parcours. Possiblement que ça été mon meilleur hockey en carrière et je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je jouais avec beaucoup de confiance ! Je dois avouer que Patrick (Roy) me faisait beaucoup en confiance donc ça, ça m’avait aidé grandement. »
Pierre me raconte ensuite une histoire bouleversante alors que l’année suivante, lors de la soirée de la bannière de la conquête de la Coupe Memorial au Colisée Pepsi, il fait une mise en échec et subit une sévère blessure au ligament croisé antérieur. « Je le savais directement sur le coup puisque j’avais déjà eu une chirurgie au genou droit, mais là cette fois c’était du côté gauche.
Comble de malheur, j’ai fait une sévère infection à l’opération et j’ai perdu environ 25 lb. Je suis resté à l’hôpital un bon deux ou trois semaines et ils avaient peur pour ma vie. Moi je ne comprenais pas trop puisque j’étais sur de gros antibiotiques donc je n’avais aucune idée de ce qui se passait.
Je n’avais jamais vraiment vu ma mère pleurer auparavant pour ce genre de chose puisqu’elle possédait 35 ans d’expérience dans un hôpital et elle en avait vu de toutes les couleurs, mais ce jour-là, je voyais qu’elle était en panique et je trouvais ça inquiétant.
Le médecin m’avait annoncé ensuite que la réhabilitation allait être d’une durée de huit mois donc ma saison était à l’eau. Finalement, je suis revenu en force après seulement quatre mois et demi. Je pense que ça avait impressionné un peu tout le monde et je dois t’avouer que j’aimais le défi de pouvoir déjouer les pronostics ! »
Après avoir été capitaine des Remparts à l’âge de 20 ans, il cumulait de nombreuses blessures et son corps avait de la difficulté à suivre le rythme. Il s’est rendu du côté de l’Université d’Ottawa avant de finalement prendre sa retraite de joueur en 2009-10. Encore aujourd’hui, Pierre a toujours certains problèmes de santé, notamment avec son dos.
Après avoir fait des études pour devenir journaliste sportif, Pierre a travaillé dans le domaine des médias pendant près de trois ans. Cependant, il a réalisé que sa passion se trouvait derrière le banc d’une équipe de hockey.
À la tête d’un club au niveau midget Espoir, il a remporté la Coupe Dodge ainsi que la Coupe des champions et se dirige ensuite comme coach/DG du côté de Saint-Jérôme, puis à Rouyn-Noranda comme entraîneur adjoint avec les Huskies. Après la pandémie, il a reçu une superbe opportunité du côté de la France avec l’organisation des Brûleurs de Loups de Grenoble.
« Je suis tombé dans une organisation A+. Moi je coach le club D1 qui est affilié avec eux, qui est les Éléphants de Chambéry et c’est à 30 minutes de Grenoble. Je voyage tous les jours et mon rôle c’est vraiment de développer de jeunes joueurs Français. J’ai des joueurs de l’international sauf que ma job principale, celle sur laquelle je suis évalué, c’est de développer les bons jeunes joueurs de la France qui ont entre 18 et 23 ans. C’est vraiment cool parce que là-dedans tu as des joueurs qui sont extrêmement talentueux et qui ont joué pour l’équipe de France U20. »
C’est ensuite qu’on revient plus en détail sur sa présence avec les Remparts l’année de la conquête de la Coupe Memorial et il me dit ceci : « Oui on avait une belle chimie, mais certains joueurs avaient des caractères spéciaux. Alexander Radulov, c’était un gars différent des autres, tout comme Andrew Andricopoulos et Mathieu Melanson.
Moi je ne prenais pas beaucoup de place dans la chambre. Je pense que le fait qu’on était tous assez différents, c’est ce qui a fait qu’on avait une belle chimie en bout de ligne. J’ai gardé contact avec certains joueurs, mais, comme dans n’importe quoi, je dois t’avouer qu’on se parle un peu moins avec le temps sauf que quand on se voit, c’est comme si c’était hier.
Ces moments étaient mémorables et je pense qu’on les a tous partagés de la même façon. Moi je suis chanceux parce qu’avec Grenoble, on a signé Brent Aubin et il reste tout juste à côté de chez moi. Ça, c’est vraiment cool. Récemment, quand les Remparts ont remporté la Coupe du Président, j’ai rapidement texté Patrick pour le féliciter et aussi à Nicole Bouchard. J’ai aussi conservé un excellent contact avec Martin Laperrière, Nicolas Robillard et Steve Bélanger. »
On continue en parlant ensuite de la fameuse rivalité entre les Remparts et les Saguenéens de l’époque et Pierre me mentionne quelque chose de fort intéressant : « On se détestait ! Chaque match était vraiment des guerres de tranchées. Je pense que Patrick et Richard Martel étaient prêts à tout pour vendre de tickets ! On ne s’aimait pas… les joueurs ne s’aimaient pas.
Quand on allait jouer à Chicoutimi, les partisans nous lançaient des trucs et de la bière. Je me souviens qu’on s’est même fait pousser dans les corridors à un moment donné. C’est un peu pour ça que par la suite, la ligue a fait des changements à ses politiques et il y a beaucoup de choses qui ont changé. La volonté de vouloir enlever les bagarres dans le match, ç’a commencé avec l’histoire de Jonathan Roy.
À la fin, moi j’étais capitaine du club et ça faisait partie de la game. C’était le feu à Chicoutimi et c’était le feu à Québec. J’ai terminé ma carrière junior avec une victoire en séries éliminatoires contre les Saguenéens et c’était assez incroyable ! »
Lorsqu’il avait 20 ans, l’arrière a eu la chance de pouvoir habiter chez son oncle puisque ce dernier demeurait dans la ville de Québec et il avoue avoir adoré ce moment puisqu’il a pu se rapprocher de certains membres de sa famille qu’il ne connaissait pas beaucoup. Pour lui, jouer à Québec à ce moment-là, c’était comme jouer dans la LNH et se rendre à l’aréna était toujours un véritable plaisir. Pour lui, le salaire n’avait aucune importance et tout ce qu’il voulait, c’était avoir l’honneur de jouer dans la LHJMQ.
Nous avons ensuite discuté de sa nomination à titre de capitaines des Remparts. « À ce moment-là, je devenais capitaine de la plus grosse organisation de hockey junior au Canada. Je n’y croyais pas que je l’étais et j’ai fait mon possible. J’ai essayé d’être un bon papa pour tout le monde pis j’espère que les gars ont apprécié ma présence comme capitaine. J’espère que ceux qui seront nommés capitaines dans les prochaines années auront autant de fierté à l’être que moi j’en avais à porter le C sur mon chandail. »
On continue en parlant plus en détail du coloré Alexander Radulov, qui demeure l’un des joueurs les plus marquants de l’histoire du circuit junior québécois. « Ce que je retiens de Radu honnêtement, c’est à quel point il aimait compétitionner et faire face à ses rivaux. Quand je suis arrivé à Québec, j’avais eu de la difficulté à m’intégrer au groupe puis c’est lui le premier qui m’a tendu la main.
On a développé vraiment une belle chimie ensemble et on s’est reparlé plusieurs fois par la suite. Son désir de gagner chaque possession de rondelle était incroyable ! Il pouvait être fatigué et avoir fait n’importe quoi, dès qu’il mettait la switch à On, tassez vous de là ! Lui pis Brent Aubin, c’est des gars qui aimaient tellement ça marquer des buts ! »
Il suit toujours activement la LHJMQ et le hockey en général. Même avec le décalage horaire en France, il demeure réveillé jusqu’aux petites heures du matin afin de ne rien manquer de la Coupe Memorial. Selon lui, les Remparts ont tout ce qu’il faut pour remporter les grands honneurs et souligne l’excellent travail des dirigeants. La défensive est particulièrement redoutable, le gardien est solide puis la profondeur en offensive est énorme.
On continue en revenant sur Patrick Roy et il répond ceci : « Patrick, c’est un motivateur et c’est un des rares gars qui a pris le temps d’aller serrer la main de mes parents.
Quand il était allé me chercher pour m’amener avec les Remparts, j’étais un 6e défenseur et il aurait pu s’en foutre complètement, mais c’est tout l’inverse qu’il a fait. C’est un gars qui est passionné pis c’est le fun jouer pour lui. Quand il est mission, il est en mission.
Je trouve ça le fun de voir une légende du hockey qui est encore là et qui continue d’être là. C’est un grand défendeur du hockey québécois et je pense que les dirigeants plus hauts que lui devraient l’écouter un peu plus, c’est mon opinion et je sais que ce n’est peut-être pas celle de tout le monde.
Globalement, Patrick c’est un gars calme qui est capable de faire les bonnes choses dans les bons moments. Une des forces qu’il a, c’est qu’il a énormément de timing. Que ce soit pour parler à ses joueurs au bon moment ou dans ses exécutions, il est capable de bien agir en fonction des circonstances. »
En terminant, j’ai pris le temps de lui demander ce que je peux lui souhaiter de mieux pour la suite et il m’a répondu que c’est de continuer à travailler dans le monde du hockey le plus longtemps que possible. C’est un métier qu’il adore, une passion qui l’anime et qui lui donne l’adrénaline qu’il a besoin au quotidien. Un environnement de groupe avec des gens qui partagent la même passion que lui.
Un homme extrêmement sympathique !
Merci énormément à Pierre Bergeron pour cette belle entrevue !
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