Alexander Radulov : un cocktail de scandales et de succès
L'impressionnant parcours d'une légende de la LHJMQ
HabsolumentFan
Alexander Radulov, ou plutôt Aleksandr Valerievitch Radoulov, a marqué à sa façon l'imaginaire des québécois. Débutant dans la belle province lors de son passage avec les Remparts de Québec pour ensuite revenir avec le Canadien plusieurs années plus tard, le parcours du joueur de 35 ans n'a rien d'ordinaire. Aujourd'hui, nous vous proposons de faire un retour sur la carrière d'un des joueurs de hockey russes les plus populaires au Québec.
Né le 5 juillet 1986 à Nijni Taguil, une petite ville d'environ 350 000 habitants en Russie, le jeune Alexander Radulov découvre le hockey en jouant avec son frère, Igor, dans les clubs mineurs de la ville. Son entraîneur de l'époque, Aleksander Veïngardt, réalise que le jeune garçon possède des habilités supérieures à la moyenne. La première chance qui s'offre au jeune Radulov se présente lorsque le club HK Dinamo Moscou en Superliga lui propose de venir jouer un match avec eux lors de la saison 2003-04. Pendant cette rencontre, il n'obtient pas beaucoup de temps de jeu et termine avec un deux minutes de pénalité à sa fiche. Pour le reste de la saison, il est envoyé au THK Tver dans la Vyschaïa Liga et son équipe se classe dixième de la zone ouest de la deuxième division russe.
En 2004, il reçoit un appel de l'équipe nationale Russe pour participer au championnat du monde des moins de 18 ans et il se couvre d'or en remportant les grands honneurs face aux États-Unis. Les choses déboulent rapidement par la suite alors que quelques mois plus tard, il réalise un de ses plus grands rêves en entendant les Predators de Nashville mentionner son nom en première ronde, 15e rang au total, lors du repêchage de la LNH.
Souhaitant adapter son jeu au hockey nord-américain, il accepte de venir joindre les rangs des Remparts de Québec après avoir été sélectionné en 9e position lors du repêchage européen de la LCH. En 2004-05, c'est à ce moment que l'histoire d'amour entre Radulov et les québécois prend forme. Il connaît un bon départ dans la LHJMQ alors qu'il évolue en compagnie du capitaine de l'équipe, Josh Hennessy. Sous les ordres de l'entraîneur-chef Éric Lavigne, il termine la saison avec un impressionnant total de 32 buts et 43 passes pour 75 points en 65 matchs. L'équipe termine au 3e rang de sa division et s'incline ensuite en quart de finale contre les Saguenéens de Chicoutimi.
Lors de la saison 2005-06, l'équipe fait alors une annonce importante : Patrick Roy sera le nouvel entraîneur-chef de la formation. Déjà après une seule saison, les partisans des Remparts raffolent sur leur nouvelle vedette russe. Alexander Radulov affiche toutefois un bémol quant à son retour dans la LHJMQ. Après avoir discuté avec Roy, il accepte finalement de faire un retour dans la grande capitale. Lors du repêchage de la LHJMQ en 2005, les Remparts sélectionnent un certain Angelo Esposito, un jeune joueur très talentueux qui deviendra rapidement un élément clé dans les succès de celui que l'on surnommait affectueusement ''Radou''.
C'est réellement lors de la saison 2005-06 que les amateurs de hockey réalisent qu'Alexander Radulov n'est pas seulement qu'un simple bon joueur et qu'il possède des habilités hors du commun. Le duo qu'il forme avec Angelo Esposito s'avère être le plus dangereux de la LHJMQ et Radulov marque son nom sur plusieurs records qui semblaient impossibles à battre. Le 28 novembre 2005, alors que son équipe affronte les Voltigeurs de Drummondville, il établit un nouveau record avec 6 buts dans le match. Mais le jeune homme de 18 ans ne s'arrête pas là ! Visiblement trop fort pour le calibre de la LHJMQ, il marque 7 buts et récolte 4 aides pour 11 points dans un match contre l'Océanic de Rimouski le 19 mars 2006.
Cette marque de 11 points égalait l'impressionnante performance d'un certain Guy Lafleur, qui avait récolté lui aussi 11 points dans l'uniforme des Remparts lors d'un match le 5 février 1971. Il ne s'agissait toutefois pas d'un record puisque celui-ci, qui demeure toujours actif en 2021, est détenu par l'ancien coéquipier de Lafleur, André Savard, qui lui avait inscrit 12 points lors du même match en février 1971.
En décembre 2005, il représente la Russie lors du Championnat mondial de hockey junior et s'incline en finale contre le Canada dans une défaite de 6-1. Toujours en 2005-06, Alexander Radulov établit également une nouvelle marque en inscrivant au moins un point dans 50 rencontres. Il avait donc été écarté de la feuille de pointage à seulement 12 occasions sur 62 matchs. Il termine la campagne avec une récolte de 152 points, dont 61 buts, en 62 matchs. Cette récolte impressionnante le place non seulement au premier rang des pointeurs de la LHJMQ mais également de la LCH. Il égale Pavel Rosa pour le plus grand nombre de points récolté par un européen en une saison dans le circuit junior québécois. Le numéro 22 n'avait toutefois pas l'intention de s'arrêter là. Lors des séries éliminatoires 2006, il explose avec une récolte de 21 buts et 34 passes pour 55 points en 23 matchs. Il obtient au moins un point à chaque rencontre et ne termine qu'à deux points du record de Simon Gamache.
Fait surprenant, son équipe s'était incliné en finale de la Coupe du président contre les Wildcats de Moncton. Toutefois, comme Moncton était la ville hôte de la Coupe Memorial en 2006, les Remparts obtenaient tout de même un accès pour le prestigieux tournoi. Puis, Québec réalisait l'impossible en remportant les grands honneurs et Radulov continuait de se démarquer avec 5 buts et 4 passes en 4 matchs. Il a remporté le titre du joueur de l'année 2006 dans la LCH.
En novembre 2007, lors d'un match contre les Saguenéens de Chicoutimi, les Remparts de Québec retirent le chandail numéro 22 de Radulov. L'après-carrière junior de la vedette russe ne se déroule toutefois pas comme prévue. Il signe son premier contrat professionnel avec les Predators de Nashville le 9 janvier 2006. C'est le 26 septembre 2006 qu'obtient sa première chance dans la LNH alors qu'il évolue en compagnie du québécois Yanic Perreault dans un match contre les Blue Jackets de Columbus. Il termine la rencontre avec une passe et un but en fusillade. Radulov n'aura disputé qu'un seul match et apprendra par la suite qu'il est envoyé dans la LAH avec les Admirals de Milwaukee. Par la suite, les choses commencent bien pour lui dans la ligue américaine alors qu'il est désigné joueur offensif de la semaine au mois d'octobre après avoir amassé 7 points, dont 3 buts, en 3 matchs.
Dans la journée du 20 octobre 2006, il reçoit finalement l'appel tant attendu pour disputé son premier match dans la LNH. Il célèbre ce grand moment le jour suivant contre les Canucks de Vancouver. Il ne parvient pas à inscrire son nom sur la feuille de pointage mais, cinq jours plus tard dans un match contre les Sharks de San Jose, il marque son premier but dans la grande ligue contre le gardien Vesa Toskala.
Malgré ce premier but, Radulov ne parvient pas à atteindre des performances à la hauteur des attentes des dirigeants de l'équipe avec une récolte de deux buts en six matchs. Ils annoncent qu'il devra retourner avec Milwaukee dans la LAH le 6 novembre 2006. Le jeune attaquant se retrousse toutefois les manches et, après avoir offert de bonnes performances, les Predators de Nashville annoncent de nouveau son rappel le 21 novembre 2006. Les choses se placent finalement et ''Radou'' terminera la campagne avec le grand club. L'équipe lui offre l'occasion de jouer sur les deux premiers trios et il obtient la confiance de son entraîneur Barry Trotz. À sa première saison dans la LNH, il termine avec 18 buts et 19 passes pour 37 points en 64 matchs.
Lors des séries éliminatoires, il est suspendu un match pour avoir chargé un attaquant des Sharks de San Jose, le québécois Steve Bernier, dans le dos. Ce dernier restera inconscient sur la patinoire pendant plus de trois minutes pour ensuite être escorté hors de la patinoire avec l'aide des ses coéquipiers. Les Sharks ont par la suite éliminé les Predators lors de ce duel en quart de finale de l'Association de l'Ouest.
Alexander Radulov accepte ensuite de représenter son pays dans le championnat de la IIHF en 2007 pour la première fois au niveau senior. Il marque son premier but le 9 mai 2007 dans un match contre la République-tchèque. Les Russes s'inclineront en demi-finale contre la Finlande mais récolteront tout de même la médaille de bronze dans une victoire contre la Suède.
Sa nouvelle équipe remporte par la suite la saison régulière de la KHL et acceptent même de transiger pour permettre à son frère, Igor Radulov, de joindre leur alignement. Il termine sa première campagne dans la ligue avec 22 buts et 26 passes pour 48 points en 52 matchs pour se pointer au troisième rang des meilleurs pointeurs du club, derrière un attaquant repêché par le Canadien de Montréal, Alexander Perezhogin. Son équipe est toutefois éliminé rapidement lors des séries éliminatoires contre l'Avangard Omsk.
En 2009, il participe de nouveau au championnat du monde en Suisse. Il récolte finalement dix points et se classe au deuxième rang des pointeurs russes derrière Ilya Kovalchuk. Ses performances sont excellentes et il devient un élément important pour la formation de la Russie. Lors de la finale contre nul autre que le Canada, Alexander Radulov marque le but gagnant dans une victoire de 2-1. Comme vous pouvez le voir plus bas, il s'agit d'un but spectaculaire marquer par le talentueux ailier droit.
La saison suivante, Radulov termine au quatrième rang des pointeurs de la KHL avec une impressionnante récolte de 24 buts et 39 passes pour 63 points en 54 matchs. Son équipe termine au premier rang du classement général et, par la suite, il termine au premier rang des marqueurs lors des séries éliminatoires avec 19 points, dont 8 buts, en 16 matchs. C'est en 2010-11 qu'il démontre une fois de plus son incroyable talent. Visiblement trop fort pour la KHL, il enfile 20 buts et récolte 60 passes pour 80 points en seulement 54 matchs. Cette saison-là, le nouvel assistant-capitaine de son équipe termine au premier rang des pointeurs de la KHL. Sa superbe année ne s'arrête pas là puisqu'il remporte ensuite la Coupe Gargarine suite à une victoire en 5 matchs face à Atlant Mytichtchi lors de la finale.
La saison 2011-12 marque sa dernière année de son association avec Salavat Ioulaïev Oufa. Il termine avec une récolte de 25 buts et 38 passes pour 63 points en 50 matchs. Lors de cette campagne, la relation avec Sergueï Mikhaliov et l'équipe d'entraîneurs est mauvaise et, lors d'un match, un geste douteux viendra faire ombrage sur l'athlète russe. Ce dernier déclara qu'il s'agissait d'un geste accidentel mais de nombreuses critiques prétendaient le contraire. Voyez vous même cette scène surréaliste plus bas :
L'entraîneur du club est ensuite congédié et remplacé par son assistant, Verner Safine. De nombreux joueurs quittent ensuite l'équipe mais les performances de Radulov demeurent inspirantes et son club s'inclinera finalement en finale contre Ak Bars Kazan en six matchs. À la suite de l'élimination de son équipe, l'attaquant surprend tout le monde et annonce qu'il rejoindra les rangs des Predators de Nashville dans la LNH pour terminer la saison. À son retour en Amérique, il récolte 3 buts et 4 passes en 9 matchs et ajoute un but et 5 passes en 8 matchs lors des séries éliminatoires.
Après avoir examiné les offres des clubs qui s'intéressaient à ses services, ''Radou'' annonce ensuite qu'il retournera dans la KHL après s'être entendu avec le CSKA de Moscou. Lors de sa première année avec Moscou, il connaît de nouveau une bonne campagne avec 22 buts et 46 passes en 48 matchs. Lors de la saison suivante en 2013, il se blesse sérieusement après avoir encaissé une mise en échec d'Ivan Svarny. Cette saison-là, il ne disputera finalement que 34 matchs et terminera avec une moyenne d'un point par rencontre.
En 2014-15, Alexander Radulov peut enfin reprendre une saison en bonne forme. Il marque 24 buts et 71 points en 46 matchs. Ayant visiblement le feu dans les yeux après avoir surmonté une blessure importante, l'attaquant russe a également terminé avec son plus grand nombre de minutes de punitions en une saison avec 143. La saison suivante, la dernière de son contrat, il amasse 23 buts et 42 passes en 53 matchs. Il connait une fin de parcours excellente lors de séries éliminatoires avec 16 points en 20 matchs mais son équipe s'inclinera malheureusement en 7 rencontres contre Metallourg Magnitogorsk. Il s'agissait alors de son dernier match dans la KHL avant son vrai retour dans la LNH.
Joueur autonome sans compensation en 2016, il décide alors de revenir à l'endroit qu'il avait déjà qualifié de ''son deuxième chez lui'' : au Québec. Il signe un contrat d'une saison avec le Canadien de Montréal. Très populaire dans la ville de Québec et avec les amateurs de la LHJMQ, la tornade russe n'était toutefois pas connu de plusieurs amateurs du Canadien. Rapidement, l'attaquant devient un des joueurs les plus populaires du club. Véritable travaillant, Radulov se présente chaque match et, lors des moments plus difficiles, il traîne pratiquement le club sur ses épaules. À sa première vraie campagne dans la LNH depuis son retour, il amasse un total de 18 buts et 36 passes en 76 rencontres. Il termine la saison au premier rang des passeurs de l'équipe et au deuxième rang des pointeurs.
Lors de l'été suivant, Alexander Radulov se dit ouvert à un retour avec le Canadien. Les négociations sont intenses mais Marc Bergevin refuse de lui accorder ce qu'il demande. L'offre du Canadien étant tout de même compétitive, il décide finalement d'accepter un contrat de 5 ans à 31,25 millions avec les Stars de Dallas.
En 27 matchs lors des séries 2020, le numéro 47 récolte 8 buts et 10 passes. Voici un but qu'il a marqué après seulement 31 secondes en prolongation lors d'un match des séries 2020 contre les Golden Knights de Las Vegas :
En raison des blessures et de la Covid-19, il n'aura disputé que 26 rencontres lors des deux dernières saisons et a récolté 19 points. Le nom d'Alexander Radulov restera gravé dans la tête de bien des jeunes comme moi pendant longtemps.
Alexander Radulov sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Pourrait-il faire un troisième passage au Québec avec un retour dans l'uniforme du Canadien ?
Jamais deux sans trois comme on dit.